Cliquez ici >>> 🎁 quand on est musicien on est jamaicain

LamajoritĂ© des Britanniques d'origine jamaĂŻcaine sont nĂ©s au Royaume-Uni, par opposition Ă  la JamaĂŻque elle-mĂȘme. L' Office for National Statistics estime qu'en 2015, quelque 137 000 personnes nĂ©es en JamaĂŻque rĂ©sidaient au Royaume-Uni. On estime que le nombre de ressortissants jamaĂŻcains est nettement infĂ©rieur, Ă  49 000 en 2015. Unetriste nouvelle pour le monde du reggae. Il vient de perdre l’un de ses piliers sĂ»rs de cette couleur musicale et cette personne n’est autre que le pĂšre Denroy Morgan, un artiste chanteur du reggae d’origine jamaĂŻcaine. DĂ©cĂšs survenu le jeudi 03 Mars 2022 Ă  l’ñge de 76 ans. Lamusique issue des sound systems jamaĂŻcains n'a pas seulement eu un impact sur la musique britannique. C'est aussi Ă  un JamaĂŻcain, et son sound system, que l'on doit l'invention du hip-hop tousles proverbe s jamaĂŻcain classĂ©s par thĂ©matique et par origine. proverbe s et dictons jamaĂŻcain Ă  lire, dĂ©couvrir et Ă  tĂ©lĂ©charger en image : phrases proverbe s jamaĂŻcains dĂ©couvrez proverbe s de la jamaĂŻque sĂ©lectionnĂ©s par monpoeme. « every mickle mek a mockle » est un proverbe jamaicain que l’on pourrait traduire par Enoutre, il est conseillĂ© que ce type de remĂšde Ă  base de plantes, et tous les autres types de remĂšdes Ă  base de plantes, ne soient achetĂ©s que chez un dĂ©taillant rĂ©putĂ©. Bien qu’aucun remĂšde Ă  base de plantes ne puisse ĂȘtre contrĂŽlĂ© avec prĂ©cision par portions, certains fabricants sont plus fiables que d’autres. Ainsi, tout remĂšde Ă  base de plantes concoctĂ© par un Rencontre Avec Joe Black Streaming Vf Hd. La JamaĂŻque est un vĂ©ritable foyer de diffĂ©rentes cultures africaines, asiatiques, europĂ©ennes et du Moyen-Orient. On peut dĂ©couvrir cette diversitĂ© dans sa tradition artisanale, sa richesse artistique ainsi que dans sa gastronomie. La JamaĂŻque est constituĂ©e de plusieurs rĂ©gions montagneuses dans lesquelles sont plantĂ©es plusieurs variĂ©tĂ©s de cafĂ©. L’histoire d’un cafĂ© hors du commun La JamaĂŻque est plus souvent connue pour la bonne musique ainsi que pour la plantation d’herbe. Pour les amateurs de cafĂ©, leurs pensĂ©es vont directement au Jamaica Blue Mountain ». Le cafĂ© JamaĂŻcain est un cafĂ© Ă  la fois connu et aimĂ© dans le monde entier. On peut bĂ©nĂ©ficier de conditions propices, car ils sont cultivĂ©s entre 914 et 1600 mĂštres d’altitude. Le nom varie selon l’altitude de la plantation. S’il est cultivĂ© entre 450 et 910 mĂštres, il portera donc le nom de Jamaica High Mountain » et s’il est en dessous de 450 mĂštres, on le surnommera Jamaica Low Mountain ou Jamaica Supeme ». Sur les flancs de la Montagne bleue, les cafĂ©iers poussent sur un sol riche, qui offre un excellent drainage, assistĂ©s par une vĂ©gĂ©tation exubĂ©rante, et d’une brume nuageuse. Le climat ainsi que les caractĂ©ristiques du sol favorisent la culture et la qualitĂ© du cafĂ© produit. Comment prĂ©parer un bon cafĂ© JamaĂŻque ? Il est important de prĂ©ciser que le cafĂ© jamaĂŻcain forme un dĂ©licieux mĂ©lange qui offre un goĂ»t dĂ©licat et unique. Pour une saveur encore plus dĂ©licieuse et intense, il suffit d’ajouter de la crĂšme chantilly ou de la crĂšme mi-montĂ©e, du sucre, du rhum et des glaçons. Le tout sera versĂ© dans un verre bien froid avant d’ĂȘtre saupoudrĂ© d’un peu de noix de muscade. Au cas oĂč le mĂ©lange devient amer, un peu plus de sucre est conseillĂ©. On ne parle pas d’un simple cafĂ© bassinĂ© de liqueur, son goĂ»t et sa consistance rendent le cafĂ© jamaĂŻcain unique et hors de pair. Du cafĂ© JamaĂŻque pour tout le monde L’appellation Blue Mountains » regroupe certainement la meilleure production des cafĂ©s de JamaĂŻque. Les principales entreprises de transformation de cafĂ©, en l’occurrence Clydesdale, Mavis Bank et Wallenford Coffe Company, de mĂȘme que les deux principales exploitations dotĂ©es d’une licence d’exportation, Clifton Mount Estate et RSW Estates envoient les meilleurs produits au marchĂ©. Car seuls les grains issus des bons territoires sont conditionnĂ©s en petite barrique. MalgrĂ© son prix, dĂ» Ă  sa raretĂ© et Ă©galement Ă  son originalitĂ©, le Blue Mountains mĂ©rite le dĂ©tour. Un prix qui varie selon le pays d’exportation. On peut aller de 56 dollars ou 45,5 euros par livre de 453 g aux États-Unis, Ă  72 dollars ou 58,5 euros au Japon. En France, on le trouve autour de 100 euros voire un peu plus pour un kilo. En bref, le peut ĂȘtre consommĂ© frĂ©quemment vu qu’il ne contient que 1,24 % de cafĂ©ine. MĂȘme s’il est considĂ©rĂ© comme Ă©tant le cafĂ© le plus cher au monde, on ne peut pas ignorer que c’est l’un des meilleurs. Ces dĂ©tails peuvent ĂȘtre ressentis Ă  la premiĂšre dĂ©gustation de celui-ci. Avec ses arĂŽmes gourmands, raffinĂ©s et juteux, le cafĂ© JamaĂŻcain n’en finit pas de faire plaisir aux papilles des amateurs de cafĂ©. MoitiĂ© de l’iconique duo jamaĂŻcain et producteur de reggae, le musicien avait notamment travaillĂ© pour Mick Jagger, Bob Dylan ou encore Serge Gainsbourg. Il est mort le 8 dĂ©cembre Ă  l’ñge de 68 ans. Reconnu comme un des plus grands bassistes de l’histoire de la musique, Robbie Shakespeare est mort Ă  l’ñge de 68 ans. Le duo qu’il formait avec le batteur Sly Dunbar, Sly and Robbie, a Ă©tĂ© rĂ©compensĂ© de deux Grammy et a eu une influence majeure de la pop, du reggae et de la musique jamaĂŻcaine. Je suis sous le choc et dĂ©vastĂ©e aprĂšs avoir appris que mon ami et frĂšre, le bassiste lĂ©gendaire Robbie Shakespeare, est mort », a indiquĂ© la ministre dans un communiquĂ© datĂ© de mercredi. Robbie et Sly Dunbar le batteur en tant que Sly and Robbie, faisaient partie des plus grands musiciens de la JamaĂŻque », a-t-elle ajoutĂ©. Selon le journal jamaĂŻcain The Gleaner, Shakespeare est dĂ©cĂ©dĂ© en Floride oĂč il avait Ă©tĂ© hospitalisĂ© pour des problĂšmes liĂ©s aux reins. NĂ© le 27 septembre 1953 Ă  Kingston, il avait appris Ă  jouer de la basse avec Aston Barrett, l’un des futurs membres des Wailers qui accompagnaient Bob Marley. Il avait ensuite fondĂ© au milieu des annĂ©es 70 avec Sly Dunbar l’un des duos d’accompagnement les plus cĂ©lĂšbres de la musique reggae, puis Ă©tait devenu un producteur Ă  succĂšs. Le duo a collaborĂ© avec les plus grands artistes jamaĂŻcains de reggae comme Black Uhuru, le co-fondateur des Wailers Peter Tosh, Gregory Isaacs, ou les lĂ©gendes du rub-a-dub U-Roy et Lee Scratch » Perry, dĂ©cĂ©dĂ©s en fĂ©vrier et aoĂ»t dernier. A l’aube des annĂ©es 1980, leur talent dĂ©passe les frontiĂšres de l’üle caribĂ©enne et ils collaborent avec des artistes du monde entier Grace Jones, Bob Dylan, Madonna, No Doubt, les Rolling Stones mais aussi Serge Gainsbourg qu’ils accompagnent pour son album Aux armes et caetera », ou Princesse Erika. En 1984, l’album des Black Uhuru Anthem », qu’il avait produit, avait obtenu le premier trophĂ©e dĂ©cernĂ© aux Grammys pour la musique reggae. Sly and Robbie avaient Ă©galement triomphĂ© aux Grammys avec leur album Friends » en 1998. L’annĂ©e derniĂšre, le magazine Rolling Stone l’avait classĂ© 17e sur la liste des meilleurs bassistes de l’histoire. Depuis le jeudi 29 novembre 2018, le reggae jamaĂŻcain est inscrit au Patrimoine Culturel immatĂ©riel de l’UNESCO. Une grande nouvelle pour la culture jamaĂŻcaine et surtout pour tous les amateurs de reggae partout dans le monde. Le comitĂ© de dĂ©libĂ©ration a reconnu la contribution du reggae jamaĂŻcain Ă  la prise de conscience internationale sur les questions d’injustice, de rĂ©sistance, d’amour et d’humanitĂ©. MĂȘme si la musique reggae a largement dĂ©passĂ© les frontiĂšres de la JamaĂŻque, aujourd’hui ce sont les chanteurs de reggae jamaĂŻcain que nous souhaitons mettre Ă  l’honneur. Voici 18 artistes Ă  re Marley Bob Marley, le plus connu des chanteurs de reggae, s’est battu toute sa vie pour la paix, l’amour et la contenu intĂ©grĂ© souhaite enregistrer et/ou accĂ©der Ă  des informations sur votre appareil. Vous n’avez pas donnĂ© l’autorisation de le ici pour autoriser cela de toute façonQueen Ifrica Le reggae jamaĂŻcain compte aussi de grandes chanteuses comme Queen Ifrica, Etana ou Queen contenu intĂ©grĂ© souhaite enregistrer et/ou accĂ©der Ă  des informations sur votre appareil. Vous n’avez pas donnĂ© l’autorisation de le ici pour autoriser cela de toute façonEtana Le contenu intĂ©grĂ© souhaite enregistrer et/ou accĂ©der Ă  des informations sur votre appareil. Vous n’avez pas donnĂ© l’autorisation de le ici pour autoriser cela de toute façonQueen Omega Le contenu intĂ©grĂ© souhaite enregistrer et/ou accĂ©der Ă  des informations sur votre appareil. Vous n’avez pas donnĂ© l’autorisation de le ici pour autoriser cela de toute façonDamian Marley Damian Marley, l’un des plus jeunes fils du grand Bob Marley, a rĂ©ussi Ă  trouver son propre style. Nous aimons aussi Ă©couter les autres enfants du grand reggaeman Ziggy, Stephen, Ki-Many, Julian
Le contenu intĂ©grĂ© souhaite enregistrer et/ou accĂ©der Ă  des informations sur votre appareil. Vous n’avez pas donnĂ© l’autorisation de le ici pour autoriser cela de toute façonProtoje Au mĂȘme titre que Damian Marley ou Chronixx, Protoje fait parti de la nouvelle gĂ©nĂ©ration de chanteurs de reggae contenu intĂ©grĂ© souhaite enregistrer et/ou accĂ©der Ă  des informations sur votre appareil. Vous n’avez pas donnĂ© l’autorisation de le ici pour autoriser cela de toute façonChronixx Le contenu intĂ©grĂ© souhaite enregistrer et/ou accĂ©der Ă  des informations sur votre appareil. Vous n’avez pas donnĂ© l’autorisation de le ici pour autoriser cela de toute façonBurning Spear Dans la mĂȘme gĂ©nĂ©ration que Bob Marley, nous avons aussi Burning Spear, Max Romeo et encore bien d’ contenu intĂ©grĂ© souhaite enregistrer et/ou accĂ©der Ă  des informations sur votre appareil. Vous n’avez pas donnĂ© l’autorisation de le ici pour autoriser cela de toute façonMax Romeo Le contenu intĂ©grĂ© souhaite enregistrer et/ou accĂ©der Ă  des informations sur votre appareil. Vous n’avez pas donnĂ© l’autorisation de le ici pour autoriser cela de toute façonMorgan Heritage Le contenu intĂ©grĂ© souhaite enregistrer et/ou accĂ©der Ă  des informations sur votre appareil. Vous n’avez pas donnĂ© l’autorisation de le ici pour autoriser cela de toute façonSean Paul Le contenu intĂ©grĂ© souhaite enregistrer et/ou accĂ©der Ă  des informations sur votre appareil. Vous n’avez pas donnĂ© l’autorisation de le ici pour autoriser cela de toute façonShaggy Le contenu intĂ©grĂ© souhaite enregistrer et/ou accĂ©der Ă  des informations sur votre appareil. Vous n’avez pas donnĂ© l’autorisation de le ici pour autoriser cela de toute façonU-Roy Le contenu intĂ©grĂ© souhaite enregistrer et/ou accĂ©der Ă  des informations sur votre appareil. Vous n’avez pas donnĂ© l’autorisation de le ici pour autoriser cela de toute façonThird World Le contenu intĂ©grĂ© souhaite enregistrer et/ou accĂ©der Ă  des informations sur votre appareil. Vous n’avez pas donnĂ© l’autorisation de le ici pour autoriser cela de toute façonIsrael Vibration Le contenu intĂ©grĂ© souhaite enregistrer et/ou accĂ©der Ă  des informations sur votre appareil. Vous n’avez pas donnĂ© l’autorisation de le ici pour autoriser cela de toute façonSteel Pulse Le contenu intĂ©grĂ© souhaite enregistrer et/ou accĂ©der Ă  des informations sur votre appareil. Vous n’avez pas donnĂ© l’autorisation de le ici pour autoriser cela de toute façonPeter Tosh Peter Tosh chantait beaucoup aux cĂŽtĂ©s de Bob Marley et Bunny contenu intĂ©grĂ© souhaite enregistrer et/ou accĂ©der Ă  des informations sur votre appareil. Vous n’avez pas donnĂ© l’autorisation de le ici pour autoriser cela de toute façonToots & the metals Le contenu intĂ©grĂ© souhaite enregistrer et/ou accĂ©der Ă  des informations sur votre appareil. Vous n’avez pas donnĂ© l’autorisation de le ici pour autoriser cela de toute façonVous aimez la musique? Ces articles devraient aussi vous intĂ©resser! Interview LoĂŻc Nottet revient avec un nouveau single et un nouveau look! Caballero & JeanJass dĂ©voilent un clip engagĂ© pour le titre DĂ©geulasse », co-produit par Stromae On y Ă©tait le concert de malade » d’Alice on the Roof sous l’eau Pour ĂȘtre au courant de toutes nos astuces mode, beautĂ©, cuisine et l’actualitĂ©, suivez-nous sur notre page Facebook, nos comptes Instagram et Pinterest, ou inscrivez-vous Ă  notre newsletter. SKA / SK? ː /; JAMAICAN [SKJĂŠ] est un Musique Genre originaire de Jamaica Ă  la fin des annĂ©es 50 et Ă©tait le prĂ©curseur de Rocksteady et de Reggae. Il combinĂ© des Ă©lĂ©ments de mento caribĂ©en et de Calypso avec le jazz et le rythme amĂ©ricain et le blues. SKA est caractĂ©risĂ© par une ligne de basse marchant accentuĂ©e de rythmes sur le rythme d\’arrĂȘt. Cliquez pour voir la rĂ©ponse complĂšte. Ensuite, qu\’est-ce que Ska est court? CompĂ©tences, connaissances et capacitĂ© En outre, quelle Ă©tait la premiĂšre chanson Ska? Prince Buster, qui a fait le dossier Premier Ska , jouait certaines de ces \”B> Tunes et a demandĂ© Ă  son guitariste, Jah Jerry, de mettre l\’accent sur le marchĂ© de la musique et SKA est nĂ©. Le prince a publiĂ© des titres originaux comme des dix commandements de la femme» et du juge Dread» d\’ici 1960. À cĂŽtĂ© de cela, quelle est la diffĂ©rence entre Ska et Reggae? Lorsque vous parlez de SKA , il combine des Ă©lĂ©ments de Calypso et de Mento Caribbean, avec le rythme et le blues et le jazz d\’AmĂ©rique. REGGAE est maintenant utilisĂ© dans un sens large pour rĂ©fĂ©rer le genre jamaĂŻcain de la musique. Une autre diffĂ©rence est que REGGAE a un tempo plus lent que celui de SKA . Contrairement Ă  REGGAE , SKA La musique a des cornes. Qu\’est-ce que Skanking signifie en JamaĂŻque? Skanking est une forme de danse pratiquĂ©e dans le SKA, Ska Punk, Hardcore Punk, Reggae, Jump-up un sous-genre de tambour et de basse et d\’autres scĂšnes de musique. Le style de danse est originaire des annĂ©es 1950 ou 1960 Ă  JamaĂŻcain [HĂŽtels de danse] Caribbean, oĂč la musique SKA a Ă©tĂ© jouĂ©e. Alpha Boys School le jazz en pleine instruction coloniale 1 Avant l’indĂ©pendance, des musiciens de musique folklorique, de mento et de jazz impressionnĂšrent le ... 1De toutes ses expressions culturelles et artistiques, la musique est probablement ce que la JamaĂŻque a offert au monde de plus vivace. Cette situation remonte Ă  l’époque des plantations, de l’esclavage et du colonialisme, oĂč la musique jouait un rĂŽle de premier plan dans la reconstruction et la perpĂ©tuation d’une identitĂ© chez les JamaĂŻcains originaires d’Afrique1. 2 Les ensembles Fife and Drums », apparus dans les armĂ©es europĂ©ennes modernes, rĂ©unissent fifres e ... 3 Entre les annĂ©es 1930 et les annĂ©es 1970, de nombreux cuivres reconnus Ă  l’international sont passĂ© ... Parmi les institutions qui tĂ©moignent du passĂ© colonial de la JamaĂŻque, on retrouve l’Alpha Cottage School, ouverte en 1880 par Justina Ripoll SƓur Mary Claver issue de l’ordre catholique des SƓurs de la MisĂ©ricorde. Cette institution avait Ă©tĂ© conçue comme une Ă©cole technique pour les orphelins, les enfants abandonnĂ©s ou les gamins des rues. En 1893, un orchestre de Fife and Drums2 fut créé, marquant ainsi le dĂ©but de l’intĂ©rĂȘt portĂ© Ă  la musique au sein de cette Ă©cole. En 1908, un don d’instruments provenant de l’évĂȘchĂ© catholique de JamaĂŻque permit Ă  l’instruction musicale devenue lĂ©gendaire de l’Alpha School de s’ancrer et de se dĂ©velopper. Les annĂ©es qui suivirent, l’école se distingua en devenant le lieu de formation de nombreux musiciens aguerris, en particulier pour les instruments Ă  vent. On peut d’ailleurs estimer que neuf sur dix des plus grands musiciens jamaĂŻcains ayant existĂ© entre la fin du xixe siĂšcle et les annĂ©es 1970 sont passĂ©s par l’Alpha Boys School3. 4 Comme l’explique le saxophoniste Tony Greene SƓur Igniatius disait par exemple Ă  un garçon “mon ... 2Pendant plus de soixante ans, une sƓur en particulier, SƓur Mary Iggy » Ignatius 1921-2003, affectueusement surnommĂ©e la mĂšre de la musique jamaĂŻcaine », a tendrement encouragĂ© et guidĂ© les garçons passĂ©s par l’institution, dont la grande majoritĂ© provenait de familles Ă©clatĂ©es, de familles paysannes, pauvres, dĂ©sƓuvrĂ©es ou dans le meilleur des cas, de foyers ouvriers. L’histoire veut que SƓur Iggy ait elle-mĂȘme eu une influence directe sur l’émergence des musiciens les plus talentueux de la JamaĂŻque, en parvenant grĂące Ă  son oreille musicale Ă  les orienter vers l’instrument qui leur correspondait le mieux4. On attribue Ă  la SƓur Ignatius la dĂ©couverte de nombreux grands instrumentistes parmi les garçons les plus douĂ©s de l’école. Elle a cultivĂ© chez eux des compĂ©tences et des attitudes qui allaient propulser certains Ă©lĂšves de cette noble institution de Kingston dans le monde entier. 3L’acquisition des compĂ©tences et des attitudes nĂ©cessaires commençait par la participation Ă  des concerts lors d’évĂšnements locaux et nationaux, ou, Ă  l’occasion, dans des maisons de la classe aisĂ©e. D’aprĂšs Sparrow Martin 2007, chef d’orchestre et ancien Ă©lĂšve de l’Alpha School, en plus de se produire dans les maisons somptueuses des blancs ou des mĂ©tis fortunĂ©s, l’orchestre de l’école endossait Ă©galement des fonctions officielles Ă  la King’s House, la rĂ©sidence du Gouverneur gĂ©nĂ©ral. On nous apprenait toutes sortes de morceaux pour les diffĂ©rents Ă©vĂšnements. À l’occasion, lorsque des dignitaires ou des monarques Ă©trangers visitaient l’üle, on jouait des morceaux pour danser, pour dĂźner, et mĂȘme pour l’entrĂ©e des officiels dans la piĂšce. Dans ces moments, on jouait des chansons comme Happy Wonderer », The Morin », et Colonial Boogie ». Rico Rodriguez, le cĂ©lĂšbre tromboniste rastafarien confirme 2005 Les airs folkloriques jamaĂŻcains et caribĂ©ens, la musique classique europĂ©enne, les airs populaires amĂ©ricains et britanniques Ă©taient encouragĂ©s. En revanche, le ragtime, le blues et le jazz Ă©taient mal vus. Mais plus tard, SƓur Ignatius a autorisĂ© certains des meilleurs musiciens comme Donald Drummond Ă  se produire avec des groupes comme celui d’Eric Deans. Les annĂ©es de formation clubs jazz et musiciens 4Si le jazz en JamaĂŻque n’a jamais rĂ©ussi Ă  conquĂ©rir un large public, il a toujours rĂ©uni un noyau fidĂšle de spectateurs. Au milieu des annĂ©es 1920, le Gleaner, quotidien le plus important de JamaĂŻque, commença Ă  utiliser le mot jazz dans ses pages, dans des publicitĂ©s pour des fĂȘtes dansantes, des concerts et pour les sorties des derniers disques de jazz. Ces annonces publiques tiraient profit d’un intĂ©rĂȘt croissant pour cette musique amĂ©ricaine en plein essor. Toutefois, comme dans son pays d’origine, le jazz possĂ©dait Ă©galement ses dĂ©tracteurs sur l’üle, plus particuliĂšrement mais pas uniquement au sein de l’élite, qui ne reconnaissait de valeur qu’à la musique classique. Le hot jazz, comme on l’appelait alors souvent, mĂ©langeait des Ă©lĂ©ments venus du ragtime, des rythmes d’Afrique de l’Ouest, des marches de fanfares, des spirituals, des work songs et des quadrilles français. Certains aspects de cette musique Ă©mergente Ă©taient dĂ©jĂ  connus de la plupart des JamaĂŻcains. Les spirituals Ă©taient trĂšs courants, et le ragtime faisait partie du rĂ©pertoire des pianistes depuis le dĂ©but du siĂšcle. Pour la plupart des musiciens, leurs connaissances des cuivres leur venaient essentiellement de la fanfare de l’ArmĂ©e du Salut, ou des sections de cuivres des orchestres du West India Regiment ou de l’Alpha Cottage. 5 SituĂ© Ă  proximitĂ© du port, Ă  l’est de Kingston, le Bournemouth Bath and Club Ă©tait rĂ©servĂ© Ă  l’élit ... 5Deux orchestres de bal importants de l’époque incorporĂšrent le jazz Ă  leur rĂ©pertoire les Ramblers et les Pep Entertainment Players. Ces deux sextets, composĂ©s de musiciens blancs, Ă©taient apprĂ©ciĂ©s de la classe supĂ©rieure de la ville, le trĂšs sĂ©lect Bournemouth Club d’East Kingston jouant un rĂŽle fondamental dans leur succĂšs5. Parmi les autres orchestres de l’époque, on retrouve les Deluxe Syncopators ainsi que les Hot Strutters. Cyril Harris dirigeait ce dernier groupe. Ce pianiste chevronnĂ© n’hĂ©sitait pas Ă  se rendre Ă  New York Ă  l’occasion pour se tenir au courant des derniĂšres tendances Ă©manant de ce berceau du jazz. Mais s’il a introduit les courants de jazz les plus rĂ©cents au sein du public, Cyril Harris s’est Ă©galement chargĂ© d’enseigner aux musiciens diffĂ©rents aspects de l’interprĂ©tation de l’authentique jazz moderne. 6 Le Constant Spring Hotel, aujourd’hui devenu le LycĂ©e de l’ImmaculĂ©e Conception Ă  destination des ... 6Les Hot Strutters se produisaient rĂ©guliĂšrement au Murcott Lodge, au centre de Kingston, mais aussi au Conversorium et au Lucas Sports Club, situĂ©s dans le quartier de Rollington Town. Les Syncopators Ă©taient dirigĂ©s par Adrian Duncan, un pianiste de formation classique qui fut l’un des premiers colporteurs du jazz, son premier groupe ayant Ă©tĂ© formĂ© dĂšs 1922. Les Syncopators rassemblaient un personnel mixte, composĂ© de musiciens nĂšgres » et mulĂątres ». Ils se produisaient souvent au trĂšs chic Constant Spring Hotel, au nord de St Andrew, mais aussi, parmi d’autres lieux de concerts sĂ©lects, au Conversorium6. L’intĂ©rĂȘt croissant suscitĂ© par le jazz a conduit Ă  la formation d’un nombre d’orchestres de danse plus importants dans les annĂ©es 1930. L’une des figures centrales de la scĂšne jazz locale Ă©tait Albert Bertie » King, qui forma ses cĂ©lĂšbres Rhythm Aces en 1931, et domina la scĂšne de la danse et du jazz Ă  Kingston pendant les 5 annĂ©es suivantes. Parmi les autres orchestres connus Ă  Ă©merger Ă  l’époque, on trouve, entre autres, les Red Devils de Redver Cooke, John Weston et le Blue Rhythm, les formations de Steve Dick, de Milton McPherson ou encore les Rhythm Raiders de Dan Williams. 7À la fin des annĂ©es 1930, les orchestres de danse locaux jouaient du swing et une nouvelle forme, plus dansante, de jazz amĂ©ricain, qui devint la marque de fabrique des fĂȘtes et des bals locaux jusque dans les annĂ©es 1940. Les formations swing de l’üle s’inspiraient complĂštement de leurs Ă©quivalents amĂ©ricains, interprĂ©tant les mĂȘmes arrangements Ă©crits. Les orchestres amĂ©ricains qui exerçaient la plus grande influence sur les formations locales Ă©taient ceux dirigĂ©s par Tommy Dorsey, Glen Miller, Count Basie et Duke Ellington. 8Au dĂ©but des annĂ©es 1940, les deux orchestres qui portent l’étendard du swing sur l’üle sont ceux de Milton McPherson et de Redver Cooke, tous deux formĂ©s au dĂ©but des annĂ©es 1930. L’orchestre swing dirigĂ© par McPherson Ă©tait considĂ©rĂ© par beaucoup comme le meilleur orchestre Ă  avoir jamais existĂ© sur l’üle, rassemblant la crĂšme des musiciens locaux. Ses prouesses lui valurent d’ĂȘtre affublĂ© du surnom de King of Swing ». Il se produisait dans tous les lieux importants, les clubs comme celui de Bournemouth, le Slipper Silver ou le Springfield, ainsi qu’au Carib Theatre. McPherson est Ă©galement Ă  l’origine d’un all star show » intitulĂ© Fashions in Music » qui s’est tenu au Ward Theatre en 1943. Ce concert trĂšs attendu prĂ©sentait les derniers dĂ©veloppements du jazz des big bands. Cooke, qui Ă©tait souvent appelĂ© le King of Bounce », jouissait Ă©galement d’un grand succĂšs, plus particuliĂšrement parmi les masses. Il dirigeait son Red Devil’s Orchestra sur toutes les scĂšnes majeures de l’üle. 9Les compĂ©titions entre groupes, dont l’origine remonte aux annĂ©es 1920, sont un autre facteur ayant contribuĂ© Ă  stimuler l’intĂ©rĂȘt du public pour le jazz et le swing. En 1926, le Gleaner montre le Palace Orchestra, orchestre rĂ©sident du Palace Theater, dans une compĂ©tition amicale avec le Hot Tamale, orchestre venu de Panama. En 1935 et 1936, les Rhythm Aces de Bertie King remportĂšrent les championnats des orchestres de danse. En 1939, Steve Dick, pianiste de jazz et chef d’orchestre rĂ©putĂ©, domina le trompettiste Doc Bramwell et ses Springfield Specials en finale d’un tournoi Ă  Ă©limination directe organisĂ© au Palace Theatre. GrĂące Ă  cette victoire, l’orchestre de Dick sera souvent dĂ©signĂ© comme les Jamaica’s Kings of Jazz » et lui, comme le Swing King ». Ces confrontations se poursuivirent dans les annĂ©es 1940, Redver Cooke et Eric Deans remportant le titre Ă  quelques occasions. Les jam-sessions jouaient Ă©galement un rĂŽle d’importance, permettant de maintenir les musiciens en forme, et leur donnant Ă  entendre ce que jouaient leurs collĂšgues. La fiĂšvre du swing qui fit rage dans les annĂ©es 1940 marqua Ă©galement l’arrivĂ©e d’une nouvelle gĂ©nĂ©ration de musiciens. Eric Deans et ses Liberators, Delroy Stephens et ses Commandos, les Lennox Syncopators de Rupert Miller, George Moxey et Roy White, entre autres, s’installĂšrent dans le paysage dynamique des orchestres de danse swing de Kingston. Toutefois, Ă  la fin des annĂ©es 1940, mĂȘme s’il Ă©tait encore jouĂ©, le swing connut un dĂ©clin. Le jazz avait atteint une nouvelle phase de son Ă©volution le bebop avait dĂ©barquĂ© en JamaĂŻque. 10Le saxophoniste alto Roy Coburn et son Blue Flames Orchestra, ainsi que le trompettiste Jack Brown avec son orchestre Ă©taient deux des musiciens qui introduisirent formellement le bebop dans le rĂ©pertoire de leur groupe. D’autres musiciens, comme le trompettiste Con Lewis ou le saxophoniste Marcus Brown au tĂ©nor, incorporĂšrent des aspects du jeu bebop dans leurs diverses formations. En 1948, le trompettiste Sonny Bradswhaw et ses Beboppers embrassĂšrent cette nouvelle tendance avec entrain. L’enthousiasme de Bradshaw et de ses acolytes touchait non seulement aux aspects musicaux du bebop, mais aussi au style vestimentaire et au langage qui lui Ă©taient associĂ©s. Les Beboppers amenaient ce style de jazz dans des clubs comme le Wickie Wackie Club de Bull Bay, le Success Club sur Wildman Street, mais aussi dans des concerts qui se tenaient dans des salles de spectacle Ă  succĂšs. 11Les visites de groupes swing et jazz Ă©trangers, comme celle du Hot Tamale en 1926, avaient permis d’amĂ©liorer les connaissances du public en matiĂšre de jazz et Ă©taient accueillies avec une certaine exaltation. Les rĂ©cits indiquent que c’est la visite de deux orchestres panamĂ©ens en 1937 qui accrocha tout particuliĂšrement le public. Il s’agissait de Gussie Trym and his Swing Aces, un orchestre formĂ© de onze musiciens arrivĂ© au mois de mai, ainsi que de l’orchestre de neuf musiciens dirigĂ© par Ray Cox, dĂ©barquĂ© en aoĂ»t. PrĂ©sentĂ©s comme les champions des orchestres de danse de Panama, Trym et ses acolytes s’appuyaient sur de solides connaissances en jazz et en swing, et ils impressionnĂšrent les musiciens locaux. Le public se dĂ©plaça en nombre pour Gussie Trym, au Silver Slipper Club, au Bournemouth Club, au Murott Lodge, ainsi que dans d’autres hauts lieux de la vie nocturne. Son orchestre s’y produisit en compagnie de figures locales du swing, comme les Red Devils de Cooke ou Bob White et ses Garden Harmonizers. La tournĂ©e de trente jours de Ray Cox lui fit visiter diffĂ©rents lieux de concerts de la ville, mais c’est sa participation Ă  la compĂ©tition de l’International Jazz Orchestra, au Ward Theatre, qui lui valut de laisser un souvenir impĂ©rissable aux musiciens de jazz locaux. Cette compĂ©tition de trois orchestres vit Ray Cox affronter Bob White et son orchestre, ainsi que Milton McPherson et ses Royal Jamaicans. D’aprĂšs les comptes rendus de l’époque, la victoire de Cox fut jugĂ©e aisĂ©e. McPherson termina second. Ces visites permirent d’accroĂźtre la popularitĂ© locale du jazz. 12Parmi les meilleurs musiciens de JamaĂŻque, beaucoup se sont formĂ©s dans ces orchestres des annĂ©es 1940, affinant leurs aptitudes et se construisant une notoriĂ©tĂ© formidable sur les scĂšnes locales. Pour certains musiciens, la dĂ©monstration de leurs talents au sein de ces formations leur a permis de se faire un nom des deux cĂŽtĂ©s de l’Atlantique. Le saxophoniste Thomas McCook commença sa carriĂšre chez Eric Deans au dĂ©but des annĂ©es 1940, avec pour camarade le trompettiste Raymond Harper. À la mĂȘme Ă©poque, le saxophoniste tĂ©nor Wilton Gaynair fut un membre essentiel des Royal Jamaicans de Redver Cooke pendant quelques annĂ©es. Le guitariste de jazz Ernest Ranglin fit ses dĂ©buts de musicien professionnel avec l’orchestre de Val Bennett Ă  la fin des annĂ©es 1940. En 1948, Roland Alphonso, qui jouait alors du saxophone alto, joua quelque temps dans l’orchestre de Eric Deans. De son cĂŽtĂ©, Dizzy Reece, trompettiste de jazz reconnu, commença Ă  se faire remarquer dans l’orchestre de Jack Brown. 13Bien que l’éclat du swing ternĂźt dans les annĂ©es 1950, la musique de big band Ă©tait toujours privilĂ©giĂ©e pour les orchestres de danse, mĂȘme si elle Ă©tait mal vue de certains musiciens, qui souhaitaient se plonger avec plus de vigueur dans le jazz moderne. À la fin des annĂ©es 1950, une troisiĂšme gĂ©nĂ©ration de musiciens Ă©mergea et se mĂ©langea avec quelques membres de la prĂ©cĂ©dente gĂ©nĂ©ration. C’est ainsi que se firent les premiers pas d’une musique qui allait plus tard devenir un style de musique dansante jamaĂŻcain, le ska. Ce style de musique allait lui-mĂȘme influencer plus tard des styles alternatifs de la culture populaire internationale. Cette gĂ©nĂ©ration de musiciens s’inscrivit parmi les nombreux musiciens de jazz jamaĂŻcains qui rĂ©ussirent dans les musiques populaires Ă  l’international. Parmi ceux-ci, on peut citer les trompettistes Johnny Dizzy » Moore, Oswald Baba » Brooks et Raymond Harper, le cĂ©lĂšbre tromboniste Donald Don » Drummond, les saxophonistes Roland Alphonso et Thomas McCook, ainsi que le tenace pianiste de jazz, alors adolescent, Monty Alexander. Tous se trouvaient Ă  cheval entre le jazz et la musique pop. Le jazz jamaĂŻcain dans le monde le SS Empire Windrush 14En tant que sujets coloniaux du Royaume-Uni, les hommes de JamaĂŻque et des CaraĂŻbes servirent au combat au cours de la PremiĂšre et de la Seconde Guerre mondiale. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Grande-Bretagne en pleine phase de reconstruction lança un appel dĂ©sespĂ©rĂ© Ă  une forte main-d’Ɠuvre pour rebĂątir le pays. Cette politique devint plus Ă©vidente pour les CaribĂ©ens lorsque le SS Empire Windrush, navire militaire britannique, se mit Ă  les attirer avec des trajets bon marchĂ© pour l’Angleterre. De nombreux JamaĂŻcains au chĂŽmage sautĂšrent sur l’occasion, voyant le Windrush comme le vaisseau qui allait les conduire vers des possibilitĂ©s d’emploi infinies. Ils laissĂšrent leurs familles, que beaucoup retrouvĂšrent plus tard au Royaume-Uni. Cet exode entraĂźna le dĂ©part de certains des meilleurs musiciens de l’üle qui profitĂšrent des dĂ©marches simplifiĂ©es d’immigration vers l’Angleterre pour s’y installer de façon permanente, certains choisissant de s’établir dans d’autres pays d’Europe comme la France et l’Allemagne. 15Toutefois, certains musiciens avaient dĂ©jĂ  commencĂ© Ă  Ă©migrer dĂšs les annĂ©es 1930. Les plus remarquables d’entre eux Ă©taient les trompettistes Leslie Thompson et Leslie Jiver » Hutchinson, le pianiste York DeSouza, le multi-instrumentiste Bertie King, ainsi que l’aspirant ingĂ©nieur Coleridge Goode, qui devint un bassiste de premier plan. Entre les deux guerres, les musiciens noirs britanniques se firent remarquer dans les big bands, y compris au sein d’au moins deux orchestres entiĂšrement composĂ©s de noirs, le Guyanais Ken Snakehips » Johnson et son West Indian Dance Band 1938 ainsi que le JamaĂŻcain Leslie Jiver » Hutchinson avec son Coloured Orchestra 1944. Ces deux orchestres Ă©taient composĂ©s quasi exclusivement de CaribĂ©ens et c’est dans ce vivier que les musiciens noirs amĂ©ricains en tournĂ©e venaient piocher pour Ă©toffer leurs orchestres. 7 Benny Carter 1945, Farewell Blues/I’m Coming Virginia 1945, [78 RPM] France, Swing 201. Avec Be ... 8 En 1934 et 1935, Leslie Thompson effectua une tournĂ©e en Europe avec Louis Armstrong. En 1936 et 19 ... 9 Le pianiste jamaĂŻcain York DeSouza apparaĂźt sur plus d’une douzaine d’enregistrements rĂ©alisĂ©s entr ... 16Certains musiciens, comme les saxophonistes Benny Carter et Coleman Hawkins firent appel aux services de Bertie King au saxophone alto et Ă  la clarinette, et Ă  York DeSouza pour des concerts et des enregistrements lors de leurs sĂ©jours europĂ©ens dans les annĂ©es 19307. Le trompettiste Leslie Thompson, compatriote de Bertie King, fut employĂ© par Louis Armstrong8, tandis que le trompettiste Leslie Jiver » Hutchinson, le pianiste York DeSouza9 et le bassiste Coleridge Goode trouvĂšrent les faveurs de musiciens amĂ©ricains comme Ray Elligton et Mary Lou Williams et de musiciens français, comme le couple star du Hot Club de France, Django Reinhardt et StĂ©phane Grapelli, qui apprĂ©ciaient le swing des musiciens caribĂ©ens Reinhardt, 2017. Ces JamaĂŻcains ouvrirent la voie pour les autres musiciens dont l’exode s’intensifia avec la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945. Les cuivres, de l’Alpha jusqu’au Royaume-Uni 17Parmi ceux qui firent alors leurs valises se trouve notamment le trompettiste de jazz Alphonso Dizzy » Reece, qui fut l’une des figures les plus importantes Ă  Ă©migrer en 1948. Il acquit une expĂ©rience de la scĂšne considĂ©rable en France, en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne avant de revenir s’installer en Grande-Bretagne en 1950. Dizzy Reece devint l’un des plus grands trompettistes du Royaume-Uni, se produisant et enregistrant avec des musiciens amĂ©ricains en tournĂ©e. Reece fit sortir plusieurs albums de son cru avant de tenter sa chance aux États-Unis en 1959, oĂč il enregistra plusieurs albums pour l’illustre label Blue Note. Reece a participĂ© Ă  des sessions d’enregistrements avec des gĂ©ants du jazz, comme Art Blakey et ses Jazz Messengers, mais aussi Hank Mobley ou le saxophone tĂ©nor britannique Edward Brian Tubby » Hayes. Il s’est produit sur les principales scĂšnes de New York, comme le Village Vanguard, le Birdland, et chez Eddie Condon. Avant son dĂ©part de Londres, Reece se distingua en prĂ©sentant Ă  ses homologues l’un des penseurs de la musique les plus avant-gardistes de l’époque. Il s’agissait de son compatriote Joe Harriott, dont les idĂ©es modernistes, les compositions cubistes et les performances interdisciplinaires rĂ©unissant poĂštes et danseurs modernes suscitĂšrent la controverse. 18Joe Harriott, qui jouait du saxophone alto, s’était formĂ© Ă  Kingston, oĂč il avait fourbi ses armes dans les orchestres de Roy Coburn, d’Ossie DaCosta et dans le All Kings Combo, avant d’aller en Europe avec DaCosta et de s’installer en Grande-Bretagne en 1951. Harriott avait d’abord Ă©tĂ© un disciple de Charlie Parker, avant de proposer sa propre approche du jazz qui fit de lui le meneur incontestĂ© de l’avant-garde britannique. Ses mĂ©thodes lui valurent Ă  la fois d’ĂȘtre critiquĂ© et portĂ© aux nues en tant que pĂšre du free jazz europĂ©en, inspirateur de toute une gĂ©nĂ©ration. On retrouvait des CaribĂ©ens dans son groupe de travail, comme Ellsworth Shake » Keene, trompettiste originaire de l’üle de Saint-Vincent et le contrebassiste jamaĂŻcain Coleridge Goode. 19Le saxophoniste tĂ©nor Wilton Gaynair fut l’un des autres gĂ©ants du jazz issus de l’Alpha School. Tandis qu’il Ă©tait encore Ă©lĂšve Ă  l’Alpha, Gaynair fut autorisĂ© Ă  jouer dans le big band de Carlyle Henriques. À sa sortie de l’école, il gagna sa place au sein de la formation de Redver Cooke, puis des orchestres de Roy Coburn et d’Ozzie Wilkins. InspirĂ© par Coleman Hawkins, Eddie Lockjaw » Davis et Sonny Rollins, Gaynair dĂ©veloppa son propre son puissant. Entre la fin des annĂ©es 1940 et son Ă©migration au milieu des annĂ©es 1950, Gaynair fut considĂ©rĂ© comme la vedette des saxophones tĂ©nors de l’üle, statut qui lui valut une invitation Ă  jouer au sein de l’orchestre des Jamaica All-star de 1948. Il fit son arrivĂ©e Ă  Londres en 1956, oĂč il se fit remarquer, avant de s’installer en Allemagne, oĂč il devint l’un des musiciens de jazz les plus exceptionnels du pays. Blue Bogey », son disque de 1958, est incontestablement l’un des trĂ©sors de l’histoire des enregistrements du jazz. Comme l’affirment ses camarades musiciens Tommy McCook, Janet Enwright, Sonny Bradshaw et Roland Alphonso, l’influence de Gaynair sur les autres musiciens de l’époque fut immense. 20Le principal concurrent de Gaynair au sommet de l’art du saxophone tĂ©nor fut probablement un autre ancien Ă©lĂšve de l’Alpha School, Harold Little G » McNair. Ce dernier illustre encore une fois l’apprĂ©ciation profonde, la comprĂ©hension et l’ancrage corporel que rencontra le langage jazz chez les musiciens jamaĂŻcains. Il commença le saxophone tĂ©nor en 1945, et en l’espace de cinq ans, il fit dĂ©jĂ  partie d’orchestres swing comme celui de Whylie Lopez ou les Honeydrippers, dirigĂ©s par Baba Motta. McNair participa Ă  d’autres orchestres dirigĂ©s par Baba Motta Ă  la fin des annĂ©es 1940 et au dĂ©but des annĂ©es 1950, s’assurant ainsi un important succĂšs local. 21Les talents exceptionnels d’instrumentiste de McNair ne s’arrĂȘtaient pas au saxophone tĂ©nor. Il Ă©tait tout aussi douĂ© au saxophone alto, Ă  la clarinette, mais surtout Ă  la flĂ»te. Pour complĂ©ter le tout, il faisait un bon chanteur. Ses prouesses de multi-instrumentiste attirĂšrent l’attention Ă  l’international, lui valant de travailler Ă  Nassau, dans les Bahamas, Ă  Londres, en Europe et Ă  New York. Au dĂ©but des annĂ©es 1960, il collabora et enregistra Ă  Londres avec certains des meilleurs musiciens de jazz de Grande-Bretagne, parmi lesquels Tony Crombie, Phil Seaman, Stan Tracey et Terry Shannon. À Londres, il se produisit et enregistra Ă©galement avec le grand saxophoniste amĂ©ricain Zoot Simms, au trĂšs rĂ©putĂ© jazz club de Ronnie Scott. En Europe, il fit une tournĂ©e avec Quincy Jones et Kenny Clarke. De retour au Royaume-Uni, il enregistra ce que l’on considĂšre comme son meilleur disque, Affectionate Fink McNair, 1965, sur lequel on retrouve David Izenzon, le contrebassiste d’Ornette Coleman, le batteur Charles Moffett et l’Anglais Alan Branscombe au piano. McNair eut Ă©galement du succĂšs auprĂšs des musiciens rock et pop qui Ă©mergeaient Ă  cette Ă©poque, tournant et enregistrant avec Donovan ou avec l’Airforce de Ginger Baker. Les enregistrements de McNair, comme son premier Up in the Air », Harold McNair », The Fence » ou Flute and Nut », sont parmi les plus recherchĂ©s et les plus rĂ©vĂ©rĂ©s du jazz, mĂȘme si c’est son Affectionate Fink » qui remporte tous les suffrages. Ernest Ranglin 22Le guitariste Ernest Ranglin est considĂ©rĂ©, aussi bien par les musiciens que les critiques, comme l’un des plus grands maĂźtres de l’instrument dans le jazz de ces 50 derniĂšres annĂ©es. Son talent est apparu dĂšs l’enfance, en observant ses oncles jouer de la guitare et en essayant de reproduire leurs gestes. Il Ă©coutait avec une grande attention la musique Ă  la radio et ce fut lorsqu’il entendit des disques du remarquable guitariste Charlie Christian que son destin de musicien fut scellĂ©. Encore adolescent, il rejoignit l’orchestre de Val Bennett en 1948 oĂč il se forma en jouant dans des stations balnĂ©aires et des hĂŽtels. Le fameux chef d’orchestre Eric Deans recruta Ranglin dans sa formation quelques annĂ©es plus tard, l’emmenant en tournĂ©e en HaĂŻti et aux Bahamas. Toutes ces expĂ©riences permirent au guitariste d’interagir avec des collĂšgues musiciens, d’acquĂ©rir des compĂ©tences de compositeur et d’arrangeur ainsi que d’élargir sa perception et ses conceptions de la musique. 23En 1958, Ranglin se produisait avec sa propre formation lorsque Chris Blackwell repĂ©ra son talent hors pair de musicien et lui offrit sa premiĂšre opportunitĂ© d’enregistrer. Ce fut une premiĂšre pour les deux jeunes hommes, car, le disque, rĂ©alisĂ© avec le pianiste bermudien Lance Hayward, permit de lancer Island, le label fondĂ© par Blackwell, et de rĂ©vĂ©ler Ranglin en tant qu’artiste prometteur, scellant une amitiĂ© indĂ©fectible entre les deux. Outre le jazz, Ranglin proposait des rĂ©interprĂ©tations de morceaux pop. Il dĂ©montrait par ces travaux audacieux mais accessibles qu’il savait faire preuve d’autant d’habiletĂ© dans ce domaine que dans ses interprĂ©tations plus jazz. Au dĂ©but des annĂ©es 1960, Ranglin Ă©tait devenu un guitariste de choix pour les producteurs, qui insistaient pour le faire participer Ă  des sessions d’enregistrements de diverses musiques populaires, dont le mento, le rhythm and blues et le ska. 24En plus du succĂšs commercial rencontrĂ© en Angleterre par son arrangement du hit international My Boy Lollipop » pour la chanteuse Millie Small 1964 – production Ă©galement signĂ©e Blackwell – Ranglin se produisit chez Ronnie Scott, illustre jazz club londonien, devant un public enthousiaste. Cela le conduisit Ă  prolonger son sĂ©jour et Ă  se produire avec les formations de Ronnie Scott, ce qui le fit connaĂźtre d’un public plus large et lui valut d’ĂȘtre dĂ©signĂ© meilleur guitariste dans un sondage de 1964 du Melody Maker portant sur le jazz. Le bouche Ă  oreille qui se transmit par les autres musiciens de jazz, parmi lesquels Les Paul, Sonny Stitt, Randy Weston, Sonny Rollins et Ronnie Scott, permit Ă  Ranglin de poser les bases d’une carriĂšre internationale, au-delĂ  de la JamaĂŻque et de la Grande-Bretagne, qui le vit jouer en Europe, au Japon et en AmĂ©rique. BĂ©nĂ©ficiant du soutien de ses pairs et d’une carriĂšre longue de plus de soixante ans, Ranglin est devenu un musicien distinguĂ©, se produisant dans les clubs, les festivals et les concerts dans le monde entier. On reconnaĂźt en lui un musicien dont la vaste culture lui a permis de fondre son style sans difficultĂ© dans toutes les situations musicales rencontrĂ©es. DotĂ© d’une imagination vive et riche, d’une inventivitĂ© mĂ©lodique fascinante et d’un lyrisme astucieux, Ernest Ranglin, sa technique jazz et son individualitĂ© grandiose suscitent et susciteront encore l’admiration du public pendant de longues annĂ©es. Monty Alexander 25Le pianiste Monty Alexander s’est construit un crĂ©neau qui lui est propre. Ce musicien de jazz est restĂ© visible et sollicitĂ© depuis son installation aux États-Unis, il y a plus de 50 ans. De tous les jazzmen jamaĂŻcains, c’est celui chez qui transparaĂźt le plus l’influence de la musique caribĂ©enne, son sautillement, et sa pulsation. Cela ne signifie pas pour autant qu’il ne sache pas jouer bebop ou qu’il ne puisse pas interprĂ©ter le blues tourmentĂ© selon la tradition du vocabulaire jazz. Mais en concert, ses inflexions rythmiques particuliĂšres trahissent son trĂšs fort ancrage jamaĂŻcain. NĂ© Ă  Kingston en 1944, Monty Alexander dĂ©couvrit l’attrait du piano Ă  ses quatre ans. Vers ses six ans, ses parents l’envoyĂšrent, comme tant d’autres enfants, suivre des cours de musique. À l’ñge d’entrer au lycĂ©e, Monty Alexander commençait dĂ©jĂ  Ă  enregistrer avec des musiciens plus ĂągĂ©s, dont le contrebassiste Cluett Johnson, le guitariste Ernest Ranglin et le saxophoniste Roland Alphonso au Federal Studio. 26Il a rĂ©cemment expliquĂ© Ă  son public de Kingston que c’est lorsque ses parents l’ont amenĂ© Ă  un concert de Louis Amstrong que sa vie a Ă©tĂ© bouleversĂ©e Ă  jamais, forgeant sa vocation de jazzman. Les visites de Nat Cole, Oscar Peterson et d’autres sommitĂ©s du jazz sur l’üle ne firent que renforcer cette envie chez lui. Mais la musique populaire coulait encore dans ses veines lorsqu’il monta son premier groupe, Monty and the Cyclones, se produisant dans les clubs et obtenant mĂȘme l’opportunitĂ© d’enregistrer. En 1961, aprĂšs le dĂ©mĂ©nagement de sa famille pour Miami, en Floride, Monty Alexander trouva du travail comme pianiste dans cette ville. Au passage, il en profita pour se faire repĂ©rer par Frank Sinatra et son ami Jilly Rizzo, un propriĂ©taire de clubs qui l’invita Ă  venir jouer Ă  New York. Ce projet fut contrecarrĂ© par la prolongation d’un contrat Ă  Las Vegas, mais une nouvelle rencontre accidentelle avec Sinatra et Rizzo Ă  Las Vegas lui permit d’obtenir son billet d’avion pour New York, oĂč Monty Alexander s’est installĂ© et vit depuis lors. 27Le style de Monty Alexander s’est formĂ© sous l’influence d’Errol Garner, Oscar Peterson, Ahmad Jamal, Wynton Kelly, pianiste d’origine jamaĂŻcaine trĂšs demandĂ©. L’intĂ©rĂȘt suscitĂ© par son jeu chez les musiciens de jazz comme Ray Brown, Harry Sweets » Edison, Milt Jackson et d’autres a permis de lancer la carriĂšre de Monty Alexander. 10 En plus d’avoir enregistrĂ© plus d’une centaine de disques avec les plus grands artistes du jazz du ... Chanteur accompli dans la tradition des crooners, Monty Alexander a, en plus des chansons populaires, rendu hommage Ă  Nat King Cole. Il a Ă©galement fait retour Ă  ses racines en montant un groupe de reggae et en enregistrant avec les musiciens de reggae Sly Dunbar et Robbie Shakespeare. Il a formĂ© le Harlem Kingston Express qui amalgame ses formations jazz et reggae. L’incorporation du mĂ©lodica Ă  sa musique lui a permis d’embrasser la tradition dub jamaĂŻcaine, bouclant ainsi une trajectoire faite d’allers-retours10. 28Parlant de sa conception musicale avec le critique Tom Ineck, Monty Alexander explique Ineck, 2016 Il s’agit avant tout d’une saveur. C’est une rĂ©alitĂ© tellement contagieuse pour les gens ordinaires. Par lĂ , je veux dire les gens qui ne sont pas forcĂ©ment sophistiquĂ©s, qui ne connaissent pas sur le bout des doigts les tenants et les aboutissants de l’histoire du jazz telle qu’elle nous a Ă©tĂ© transmise par les maĂźtres. Dans l’ensemble, ça vient d’une autre source. Il s’agit avant tout de danser et de se sentir bien. Les gens aiment sentir le rythme et lorsqu’on l’approche diffĂ©remment, ça produit un mariage heureux pour l’auditeur, et encore plus pour moi quand je le joue. Parce que, mĂȘme si c’est diffĂ©rent des concerts avec des musiciens purement jazz, j’y trouve mon compte. Pour moi, c’est toute une culture, c’est ma jeunesse en JamaĂŻque et mon lien avec tout ce qui a pu sortir de JamaĂŻque. Monty Alexander a jouĂ© et enregistrĂ© avec les plus grands noms du jazz, dont Clark Terry, Ernestine Anderson, Benny Golson, Ray Brown. Douglas Ewart 29On connaĂźt le JamaĂŻcain Douglas Ewart en tant que multi-instrumentiste ayant Ă  sa disposition une grande variĂ©tĂ© d’instruments, comme musicien ayant fait de la diversitĂ© culturelle la plus Ă©tendue sa demeure. D’aprĂšs certains, l’Ɠuvre crĂ©ative si diverse de Douglas Ewart pourrait ĂȘtre prise pour la production d’une culture en entier plutĂŽt que la crĂ©ation d’un seul homme ». Le critique de jazz Glenn Siegel 2015 dĂ©crit Ewart comme un improvisateur douĂ©, capable de donner naissance Ă  des sons et des histoires en temps rĂ©el, sans programme prĂ©alable ». Mais le talent de ce maĂźtre jamaĂŻcain ne s’arrĂȘte pas Ă  la musique. Comme Siegel l’explique Ewart est historien et il est Ă©galement l’ancien prĂ©sident de la trĂšs influente AACM de Chicago Association for the Advancement of Creative Musicians. Il est Ă©galement sculpteur d’envergure internationale, luthier, professeur, poĂšte et musicien. Il est l’incarnation du mot d’ordre multidisciplinaire de l’AACM ». 11 Les grounations sont des rĂ©unions et cĂ©rĂ©monies rituelles dans le mouvement rastafari, dans lesquel ... 30NĂ© Ă  Kingston en 1946, Douglas Ewart vĂ©cut son adolescence parmi la communautĂ© rastafarienne de Count Ossie, dans les collines de Wareika, oĂč il participa aux grounations11 ». Il dĂ©couvrit la musique des Skatalites, en particulier celle de Don Drummond, et se mit Ă©galement Ă  crĂ©er des objets d’art de toutes sortes. Il Ă©migra aux États-Unis en 1963 et rejoint l’AACM, oĂč il Ă©tudia le saxophone et la thĂ©orie musicale avec Roscoe Mitchell et Joseph Jarman. InspirĂ© par la force de ces deux maĂźtres des instruments Ă  vent ainsi que par les conceptions crĂ©atives du pianiste Muhal Richard Abrams, il fit sienne l’idĂ©e de l’AACM selon laquelle la musique est une question de vie ou de mort ». Lorsqu’il Ă©tait encore JamaĂŻque, Ewart avait accordĂ© autant d’intĂ©rĂȘt Ă  la musique qu’aux mouvements sociaux. Les grounations auxquelles il assista dans le camp de Count Ossie lui inculquĂšrent des aspects de la culture musicale et philosophique des Rastafariens qui allaient plus tard influencer des membres de l’AACM, plus particuliĂšrement parmi la seconde gĂ©nĂ©ration. 31Étant donnĂ©e l’étendue des concepts multidisciplinaires de l’AACM, il n’est pas surprenant que certains de ses membres se soient nourris de caractĂ©ristiques liĂ©es aux Rastafariens de JamaĂŻque. Parmi ces caractĂ©ristiques, on retrouve l’adoption du style capillaire des dreadlocks » ainsi que la musique nyahbinghi, qui furent introduits dans la culture populaire par les musiciens de reggae en tournĂ©e. Des membres de la deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration de l’AACM figurent sur le disque de Douglas Ewart Velvet Drum Meditations », enregistrĂ© avec son Nyahbinghi Drum Choir. Cette Ɠuvre est dĂ©dicacĂ©e Ă  celui qui fut son mentor dans sa jeunesse Oswald Count Ossie » Williams et son groupe Mystic Revelation of Rastafari. George Lewis 2009 277, tromboniste, improvisateur fĂ©ru de technologie, ami proche et collaborateur d’Ewart, Ă©voquant la contribution Ă  l’AACM de ce dernier Ă©crit que Douglas Ewart est assurĂ©ment une figure charniĂšre de cette deuxiĂšme vague ». 32Douglas Ewart est un improvisateur acclamĂ© par la critique, dont la carriĂšre longue de plus d’un demi-siĂšcle l’a vu se produire dans tous les contextes musicaux imaginables le ska, le Nyahbinghi rastafarien, le Dixieland, le jazz moderne, le bebop, la musique expĂ©rimentale, la musique d’avant-garde. Il a jouĂ© avec des danseurs, des poĂštes, des peintres ainsi que des gens de la rue. Il a expĂ©rimentĂ© de nombreuses formes pour le cinĂ©ma, pour le théùtre. Il s’est produit en solo et avec de grands orchestres, avec des enfants. Il est difficile, voire impossible d’imaginer une forme que ce penseur et ce multi-instrumentiste n’ait pas explorĂ©e au nom de l’improvisation jazz. Coda 33Les musiciens de jazz jamaĂŻcains, Ă  domicile comme Ă  l’étranger, ont contribuĂ© Ă  la dĂ©finition de cette musique mondiale avec autant de conviction, d’énergie crĂ©ative et d’influence que les autres. Des grands maĂźtres du jazz, comme Bertie King, Leslie Jiver » Hutchinson, Coleridge Goode, Wilton Bra » Gaynair, Harold Little G. » McNair, Dizzy Reece, Sonny Gray, Douglas Ewart, Kenny Terroade, Ernest Ranglin, Monty Alexander et particuliĂšrement Joe Harriott se sont distinguĂ©s parmi les innovateurs les plus remarquables du jazz. Parmi ces musiciens, certains ont enregistrĂ© et se sont produits avec des AmĂ©ricains comme Louis Armstrong, le Modern Jazz Quartet, Mary Lou Williams, Benny Carter, Coleman Hawkins, Quincy Jones, Eric Dolphy, Randy Weston et Miles Davis. DĂšs 1926, le King of the Zulu » de Louis Armstrong fait appel Ă  la prĂ©sence des jamaĂŻcains dans le jazz. Alors qu’Armstrong proteste contre l’interruption de son solo par un gĂȘneur, on entend l’importun rĂ©pliquer avec son accent jamaĂŻcain Armstrong, 1926 Je viens de JamaĂŻque, et je ne veux pas interrompre la fĂȘte, mais un de mes compatriotes me dit que c’est la folie ce qu’il se passe ici. Madame, vous pouvez jouer un morceau et me dire que ça balance, mais moi, je vais prendre un cuivre et je vais vous montrer un vrai morceau de jazz de chez moi. 12 West Indian Blues » contient d’ailleurs des similaritĂ©s frappantes avec le Englerston Blues » d ... 34Le compositeur et pianiste de jazz Thomas Fats » Wallers, contemporain d’Armstrong, rendit Ă©galement hommage Ă  la contribution des JamaĂŻcains au jazz en enregistrant avec ses Jamaica Jammers le morceau West Indian Blues » en 1924, dĂ©dicacĂ© Ă  Marcus Garvey Waller, 199212. De mĂȘme, des jazzmen modernes comme Lester Bowie ou le talentueux guitariste de session Eric Gayle s’installĂšrent en JamaĂŻque au cours des annĂ©es 1970, s’abreuvant de rythmes reggae. Ils furent tous deux parmi les premiers Ă  introduire ces rythmes dans le jazz contemporain ou moderne aux États-Unis. À la mĂȘme Ă©poque, des trombonistes comme Steve Turre, Delfeayo Marsalis et George Lewis, chantĂšrent les louanges et rendirent hommage Ă  leur homologue jamaĂŻcain Don Drummond. 35De mĂȘme que le jazz a influencĂ© la musique populaire jamaĂŻcaine, les cadences et les inflexions de la musique jamaĂŻcaine et caribĂ©enne ont, Ă  de nombreuses reprises, colorĂ© le langage et rythme du jazz. La personnalitĂ© et la syntaxe des indĂ©nombrables maĂźtres respectĂ©s du jazz d’origine jamaĂŻcaine ou caribĂ©enne ont contribuĂ© Ă  modeler l’esthĂ©tique jazz. Comme Duke Ellington le fait remarquer dans un livre 1990 108-109 Toute une lignĂ©e de musiciens caribĂ©ens a dĂ©barquĂ© et a contribuĂ© Ă  ce qu’on appelle la scĂšne jazz. » Évoquant plus spĂ©cifiquement le talent hors pair de son tromboniste caribĂ©en Tricky » Sam Nanton, Ellington poursuit En fait, il jouait une forme trĂšs personnelle issue de son patrimoine caribĂ©en. Lorsqu’un type dĂ©barque ici des CaraĂŻbes et qu’on lui demande de jouer du jazz, ce qu’il joue correspond Ă  ce qu’il pense qu’est le jazz, ou Ă  ce qui dĂ©coule de sa propre interprĂ©tation de l’idiome. Tricky » et ses compatriotes Ă©taient profondĂ©ment ancrĂ©s dans l’hĂ©ritage caribĂ©en du mouvement de Marcus Garvey
 Comme il m’est arrivĂ© de le dire, le bop est le prolongement de Marcus Garvey dans le jazz. ibid. 36Les JamaĂŻcains, depuis leur expĂ©rience de la colonisation et des plantations britanniques, ont utilisĂ© la musique, y compris le jazz, pour affirmer leur libertĂ©, leur indĂ©pendance et leurs valeurs artistiques. Ce faisant, ils ont enrichi l’humanitĂ©, lui apportant un optimisme et une musique ingĂ©nieuse qui, partis de JamaĂŻque, ont essaimĂ© dans le monde entier.

quand on est musicien on est jamaicain